La surabondance du don

Homélie du 2ème dimanche du temps ordinaire

« Femme, que me veux-tu? »

« Ne trouvez-vous pas étrange cette question? »

Jésus s'adresse à sa mère, et il l'appelle femme! Il semble mettre de la distance entre elle et lui. D'ailleurs, la traduction exacte du texte grec serait : « femme qu'y a-t-il de toi à moi? » Une expression reprise de l'araméen que parlait Jésus et qui marque cette distance.

D'emblée, Jésus marque donc sa différence, son autorité. Dans ce premier signe qu'il va accomplir, il manifeste sa seigneurie. Ce premier signe va témoigner de la surabondance du don que Dieu nous fait. Surabondance du don : surabondance de l'amour de Dieu.

Nous sommes ici au début de l'Evangile de Jean. Jésus inaugure son ministère public par un premier signe, un signe qui préfigure son enseignement. Il est invité à une noce. Les invités ont déjà bien bu et il ne reste plus de vin. Marie s'adresse à son fils car elle sait qu'il est Autre. Marie sait que son Fils est conçu de l'Esprit Saint. Elle ne sait pas ce qu'il va faire, mais elle a confiance en lui. Marie se place déjà ici en médiatrice des hommes. On pourrait même dire que Marie lui force un peu la main! D'ailleurs Jésus répond : « mon heure n'est pas encore venue. »

« Femme que me veux-tu? »

Marie ne sait pas exactement ce qui va se passer, mais elle va permettre à Jésus de révéler la force de l'amour de Dieu. Ainsi va se manifester l'essence de Dieu même : Dieu nous aime, Dieu est amour. Dieu nous fait don de son amour. Le don de Dieu dépasse toutes nos attentes, il est surabondant.

Reprenons les lectures de ce jour. Le prophète Isaïe (il s'agit ici du troisième Isaïe, celui du retour d'exil), le prophète Isaïe donc célèbre Jérusalem. Il la compare à une femme qui devient épouse, l'épouse de Dieu. Jérusalem abandonnée pendant l'exil retrouve sa place centrale pour le peuple. Ecoutez donc : « Comme un jeune homme épouse une vierge, ton bâtisseur t'épousera. Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu. » C'est l'amour de Dieu qui se manifeste ici. Jérusalem, c'est nous, qui sommes aimés de Dieu. C'est nous qui recevons le don de Dieu, un don qui viendra en surabondance avec Jésus.

Paul qui s'adrese aux chrétiens de Corinthe (eux aussi ont été bien éloignés de Dieu: non par l'exil, mais par un étourdissement des plaisirs), Paul donc leur promet les dons de la grâce. Ces dons variés que l'Esprit nous distribue, ce sont là encore la manifestation de l'amour de Dieu.

Jean dans son Evangile va nous raconter l'histoire de cette noce. C'est par cette image de l'eau changée en vin que Jésus nous fait comprendre l'amour infini du Père. Imaginez ces six jarres de pierre. Chacune contenait environ cent litres. Et Jésus dit : « remplissez d'eau les jarres. » et puis ensuite : « portez-en au maître de repas ». Voici que cette eau est devenue du vin. Et pas n'importe quel vin! Ecoutez encore : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu'à maintenant. » C'est ainsi que Jésus donne plus de vin qu'il n'en faut et ce vin est un vin d'une qualité supérieure à celui que le maître de repas avait servi jusqu'à maintenant.

« Femme que me veux-tu? »

Ce que Marie ignorait c'est qu'allait se révéler dans ce premier signe à Cana en Galilée la gloire de Jésus. Jésus nous fait comprendre que Dieu veut le meilleur pour nous et que le don de son amour est sans limite.

Aujourd'hui, il nous faut vivre pleinement ce don qui nous est fait. Dieu nous aime d'un amour sans limite.

Mais, allons plus loin! Partageons ce don, soyons capable d'aimer, même nos ennemis, même ceux qui nous repoussent.

La Bonne Nouvelle, c'est que l'amour de Dieu est pour tous!

Alors, reprenons le psaume de ce jour.

« Adorez le Seigneur, éblouissant de sainteté.

Allez dire aux nations : Le Seigneur est roi!

Il gouverne les peuples avec droiture »

Amen.