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  le blog diacreauservicedelapaix

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Un diacre de l'Eglise catholique s'exprime sur la société, sur l'Eglise, sur la paix.


Plus jamais ça!

Publié par Max sur 10 Mai 2009, 19:02pm

Catégories : #artisans de paix

Ce 10 mai 2009, la commémoration de l'abolition de l'esclavage a donné lieu à une manifestation à la maison de l'Outre-mer à Evreux. La remise d'un bracelet porté par une esclave à Gisèle Baki vice-présidente de l'association Victor Schoelcher 2.7 restera pour moi un moment chargé d'émotion et très symbolique de cette journée.


Au cours de cette manifestation, des représentants de différentes confessions ont pu s'exprimer sur l'esclavage, crime contre l'humanité qu'il nous faut bannir et combattre encore aujourd'hui. Je vous livre un extrait de ce que j'ai été amené à dire comme représentant de l'Eglise Catholique.

 

Commémoration de l’abolition de l’esclavage – 10 mai 2009

 

 

"Plus jamais ça ! C’est sous cette injonction que l’association Victor Schoelcher a voulu placer cette journée commémorative de l’abolition de l’esclavage. En tant que diacre permanent représentant l’Eglise Catholique, je fais mienne cette formule qui doit inviter tous les hommes, mais particulièrement ceux qui se réclament du Christ à vivre la fraternité. L’esclavage est un crime contre l’humanité et malheureusement nous ne sommes jamais à l’abri d’un retour à la barbarie. Vous qui organisez cette journée, vous avez voulu souligner que l’esclavage avait été aboli sous l’impulsion de l’abbé Grégoire en 1794, mais que Napoléon l’avait rétabli quelques années plus tard. Ce n’est que le 27 avril 1848 que l’abolition de l’esclavage a été à nouveau promulguée grâce à Victor Schoelcher. Personnellement, je me réjouis que le 10 mai ait été déclaré journée officielle pour la commémoration de cet événement car c’est une façon de montrer son importance et de dénoncer ce que l’esclavage peut avoir d’inacceptable.

 

Mais c’est en tant que Catholique que je suis appelé à témoigner. Ma voix sera bien sur proche du témoignage de mes frères protestants de l’Eglise réformée car c’est avant tout en référence à l’Evangile, à la parole du Christ que je situerai mon propos.


...

L’esclavage qui a été longtemps le cancer de nos sociétés est incompatible avec l’enseignement du Christ. Je citerai tout d’abord Matthieu au chapitre 25. « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait ». Ce message est une invitation à considérer toute femme et tout homme comme une image du Christ, comme un tabernacle dans lequel Dieu est présent. Ma sœur, mon frère en humanité a autant de prix aux yeux de Dieu que moi. Personne ne peut se prévaloir de dominer l’autre, mais au contraire, nous sommes tous invités à prendre soin de ceux qui souffrent, ceux qui sont malades, ceux qui sont seuls.

 

Une deuxième citation de l’Evangile chez Luc au chapitre 10 : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme… et ton prochain comme toi-même » ou encore dans l’Evangile de Jean au chapitre 15 : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé », Jésus l’annonçant comme le commandement suprême, nous invite à privilégier la fraternité et l'égalité. Aimer Dieu, aimer son frère ou sa sœur, c’est le seul et unique commandement qui rassemble toute la loi de Dieu. Comment dans ces conditions pourrait-il y avoir des distinctions entre nous et comment pourrions-nous exercer une quelconque discrimination ? Ce prochain, c’est l’autre quel qu’il soit, blanc, noir ou jaune, européen,africain, américain ou asiatique. Pour Dieu, il n’y a pas de différence. Mais cela ne veut pas dire que nous devons tous nous couler dans un même moule, de religion, de culture. Notre ressemblance est dans nos cœurs, car un même sang coule dans nos veines et un même esprit nous habite.

 

J’ai envie aussi de m’attarder sur les paroles du Christ rappelées par Luc au chapitre 6 : « Soyez miséricordieux comme votre père est miséricordieux. Ne jugez point, ne condamnez point car vous serez jugés à la mesure dont vous avez jugé les autres. » L’esclavage c’est une façon de juger les autres, de les rabaissez en se considérant supérieur. Ce que nous dit le Christ, c’est que juger les autres inférieurs, c’est donner une mesure qui servira à nous juger nous aussi. C’est montrer que nous sommes incapables d’aimer et donc que nous sommes pauvres d’amour. L’incapacité à aimer est une pauvreté bien plus grande que la pauvreté matérielle. Elle fait de nous des infirmes du cœur.

 

...

Mais je ne peux pas passer sous silence, le fait que l’Eglise et celle que je représente, l’Eglise Catholique a été parfois loin du message du Christ. Des exactions ont parfois été commises au nom de Dieu et des hommes ont du se soumettre à la volonté de certaines autorités se réclamant d’un message divin. La force et la violence ne peuvent pas représenter celui qui s’est abaissé jusqu’à mourir sur une croix pour notre salut. Il faut demander pardon à ceux qui ont souffert à cause de l’Eglise Catholique alors que le message qu’elle doit donner ne peut être qu’un message d’amour.

 

Je voudrais conclure en revenant sur ce qui est fondamental aujourd’hui. L’esclavage est une ignominie et il ne peut pas être excusé par quiconque, surtout pas au nom de Dieu. Jésus est venu nous apporter un message d’amour et de paix. En tant que catholique, c’est ce que je mets en avant et que je vous demande de retenir. Commémorer l’abolition de l’esclavage, c’est commémorer une victoire de l’homme sur le mal. Puissions-nous ne jamais revenir en arrière et retomber dans les errances du passé.

 

Je terminerai par ces mots d’Aimé Césaire qui fut le chantre de l’égalité des êtres humains dans l’acceptation de leurs différences et qui doivent résonner sans cesse : « Se rappeler que le combat, le séculaire combat pour la liberté, l’égalité et la fraternité n’est jamais entièrement gagné, et que c’est tous les jours qu’il vaut la peine d’être livré. »"

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